Fugaz? De Fugacité, il ne saurait être question avec ce disque. En entrant dans le monde mélancolique de Nacho Laguna, fait de vies déchirées, d’amours tourmentées et de pluies ininterrompues, on prend le risque de ne plus vouloir en sortir.

Ce type parvient en effet à nous donner envie de l’une des coses a priori les plus désagréables: la tristesse. Ainsi, c’est en nous confiant la sienne, à travers sa musique et ses textes, qu’il nous alde à mieux nous plonger dans la nôtre et à y trouver un confort inédit. Les présentations étant faites, il convient de préciser que tout n’est pas non plus aussi simple qu’il peut paraître. Si les états d’apaisemente qui transpirent d’un piano au bord des larmes ou d’un harmonica perdu dans le lointain rassurent paradoxalemente sur l’existence d¡un salut après la douleur, les coups de colère des guitares viennet nous rappeler que cet eldorado intérieur suppose des étapes intermédiaires plus pénibles.Le talent de Nacho Laguna ne consiste pas seulement à égrener des compositions à l’émouvante sincérité, mais aussi à savoir s’entourer de gens talentueux por les jouer. Que seraient ces chansons sans la voix terriblement suave et sensuelle de Maite Yerro, à mi-chemin entre Thalia Zedek et PJ Harvey? Que seraient ces morceaux instrumentaux sans une batterie discrète viennent emboîter le pas? IL est évident que, pour restituer avec une telle justesse les états d’âme du Senior Laguna, ceux qui l’accompagnent se sont entièrement impregnes de leur fragilité. On comprend dès lors bien mieux comment ces émotions nous parviennent avec tant d’acuité. Je vous aurais prévenus: prêter une oreille à Fugaz, c’est prendre le risque d’y plonger tout entier.